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Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe de Benjamin Biolay
10 octobre 2011

"L'éphémère glace et verre qui casse dès qu'il est triangulaire..."

Fatum or not fatum ?

L’amour se teinte toujours de haine. Il semble s’inscrire dans la notion de fatalité dont l’origine est obscure. Elle rôde et bondit sur le couple.  Bien avant (Trash Yéyé) est une chanson tragique car elle ne laisse pas de chance aux sentiments. D’emblée, l’amour est condamné. Les répétions de « bien avant » et de « je savais » résonnent telle une complainte ; les anaphores accentuent le lyrisme élégiaque.

Le « Fatum », puissance surnaturelle qui commande l’existence des hommes, aurait-il pris d’assaut la contrée Amour ? Pas vraiment. Même si l’origine de l’échec n’est pas authentifiée clairement, la responsabilité féminine est mise en avant. N’y a-t-il pas eu un antécédent célèbre ? Le paradis, Adam et Eve ! Sans doute, encore aujourd’hui, inconsciemment, les femmes doivent porter le poids du péché d’Eve. Que les féministes, chiennes de garde, post suffragettes demeurent tranquilles. Inutile de fouler aux pieds Benjamin Biolay, la damnation ne frappe qu’une seule chanson (enfin, pas tout à fait mais je l’épargnerai en passant sous silence  Rendez-vous qui sait, par exemple,  où un homme reproche à sa compagne d’être devenue, avec le temps, moins séduisante et attentionnée pour ne pas dire laide et frigide). Bien avant accuse la femme d’être par nature responsable du malheur de l’homme: bien avant qu’on s’aime tu ne m’aimais plus, je savais déjà que tu t’en foutais. Ces mots viennent de la bouche d’un homme blessé, déçu et en colère suite à une rupture amoureuse. La chanson suivante aborde un motif brutal de séparation : l’infidélité féminine. Bien avant  est le triste constat d’une impossibilité d’aimer pour toujours. Derrière la fatalité amoureuse, il faut déchiffrer la crise dans le couple et dans ce domaine, c’est bien l’égalité des sexes.

 

             °La troisième personne :

 L’amour est un éphémère glace et verre qui casse/ Dès qu’il est triangulaire[1]  est une très belle métaphore pour évoquer l’adultère. Dans l’album, La Superbe, on a vu se développer une passion amoureuse qui s’est transformée en amour avant de s’éteindre. Le déclin a pris du temps mais un facteur a dû enclencher le mécanisme d’autodestruction.  On reste dieu merci à la merci….d’une seule partie de jambe en l’air,  On reste dieu merci à la merci d’une étincelle/ Quelque part à Paris, au fin fond du bar d’un hôtel/ Dès la prochaine vie jurer de se rester fidèles, on reste dieu merci, à la merci d’un jeudi noir/ D’une soudaine avarie, d’une avanie, d’un avatar/ Ne reste pas ici il commence à se faire bien tard[2]. Qui a basculé en premier peut-être en restant trop tard ? Peu importe : « je vais rentrer tard sans doute après le dernier métro », « Mon amour ne m’attends pas ce soir…je risque de rentrer tard ». En littérature, l’infidélité est un grand mythe et cette fascination est typique du monde occidental. Elle a été à l’origine de belles figures, de torrents de larmes, de disputes grandioses, de séparations vécues comme des arrache-cœurs insoutenables….Et bien, j’aborderai le sujet un peu différemment. Après tout, c’est bientôt la fin de mon blog, alors je n’ai pas envie de me prendre trop au sérieux et le sujet peut se prêter à quelques  folies et facéties. Toutefois, ne vous méprenez pas, je n’ai pas l’intention de rédiger un petit traité sur l’adultère où je revendiquerais les bienfaits supposés de l’infidélité. Aussi je préfère prévenir que je ne séduirai pas plus les échangistes que les fidèles du décalogue. Je risque fort de décevoir les libertins et aussi les adeptes du 7ème écrits : « tu ne commettras pas l’adultère » et ceux de mon factice 7ème commandement bis : «si tu enfreins le 7ème commandement, moi j’enfreins le 6ème : je te tue».  J’invite tous ceux et celles qui hurlent toute luette dilatée déployée : « l’infidélité ? Pas de ça chez moi !» à sauter quelques lignes sauf si bien sûr leur rage assassine leur permet librement de s’afficher avec un brin d’humour. Pour agrémenter « mon infidélité », je me suis entourée de quelques sources psychosociologiques. Je viens de lire dans Pourquoi les hommes sont lâches et les femmes imprévisibles de Gilles D’Ambra que l’infidélité est naturelle. Elle est inscrite dans les gênes ! Mesdames n’envoyaient pas Messieurs faire un dépistage ; vous portez vous aussi ces gênes. C’est ce que l’espèce humaine a trouvé de mieux pour assurer sa survie. Il faut croire que ça fonctionne car nous ne sommes pas en voie d’extinction. Et puis, regardez du côté du monde animal: rares sont ceux qui sont monogames. Toutefois, certains et certaines sont plus prédisposés que d’autres à voguer de lits en lupanars. Je viens d’apprendre aussi et ça concerne davantage les filles que tromper avec son esprit est tout aussi coupable, voire plus, que d’offrir son corps. Ce n’est pas faux car fantasmer vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur un conjoint spirituel est tout aussi répréhensible que s’inscrire à une partie de jambe en l’air pour une durée comprise entre trois minutes et une heure trente trois-tout dépend si votre adversaire a l’instinct du lapin ou celui du paresseux. En pensées, l’autre est toujours extraordinaire et magnifique, par contre en réalité, il peut avoir des poils sur les fesses ou un  seul, dans la main ! Je croyais aussi que l’infidélité féminine tenait de la nouvelle émancipation des femmes. Et bien pas du tout, elles sont volages juste pour mettre les spermatozoïdes des « mâles » en compétition et que le meilleur gagne. En chaque femme sommeille un coach sportif ! C’est fou : à l’heure où les contraceptifs dominent toutes relations sexuelles, on est encore conditionné par un désir perpétuel de reproduction ! Mais surtout, je crois que l’infidélité surgit en temps de crise. Pour y remédier, certains psychosociologues prescrivent sur ordonnance quelques séances d’infidélité à insérer dans la relation officielle qui frôle l’inertie. Je ne suis pas spécialisée dans la connaissance du couple, par contre, je veux bien apporter quelques commentaires sur les petits duos rencontrés dans les albums. de B.Biolay. En règle générale, la passion ne peut pas durer  et c’est fatal : je m’en voudrais, tu m’en voudras/ c’est comme çà[3]. Pourquoi ? Parce que c’est chimique. Dans Brandt Rhapsodie, nos tourtereaux, à leur rencontre, étaient enivrés par leurs endorphines créées par leur cerveau suscitant une émotion intense. Puis tout s’arrête au bout de quelque temps quand leur taux de NGF[4] redevient normal. Ainsi, le temps de l’amour s’installe ainsi que  tout ce qui va avec comme les petits tracas du quotidien. Nos amoureux ont créé un cocon ; ils partagent des joies comme la grossesse mais aussi des peines comme les problèmes de santé. Une compassion se fait plus présente dans les coups durs et puis après patatras. Ce n’est rien, juste le bruit sourd du désir qui se brise sous les offensives de la vie courante. La tendresse a chassé la folie des débuts et des petits riens viennent se greffer sur le travail : courses, facture et rendez-vous peu glamour à l’école …: « tu descendras la poubelle », « le mec du câble passe entre 7H15 et 9H15, tâche de te réveiller», « je trouve plus le chéquier », « la réunion est à 19H30 précises à l’école ». 

"Avec la vie quotidienne, souvent le désir meurt. Au début, c’est insidieux. On se dit, moins de passion mais plus de tendresse. Au bout d’un moment, plus rien. Le stress, les soucis, la course après le temps, les mauvaises habitudes ont raison des derniers embrassements. (…..) Dans l’alchimie du désir, l’amant, c’est l’étincelle des couples en voie d’extinction..."[5] . A vous de voir... Je ne voudrais pas mettre en doute l'avis d'un spécialiste mais le problème à l'origine est bien entre deux individus alors pourquoi en rajouter un troisième ? Ce n’est pas simple et heureusement que je ne m’arroge pas le pouvoir suprême de devoir apporter une solution aux problèmes conjugaux. Je me cantonne à l’analyse exclusive des chansons. L’infidélité affiche des fiascos dès qu’elle s’immisce dans un duo : 15 septembre, Douloureux dedans. Selon Gilles D’Ambra, elle doit rester secrète. Et ce n’est pas le cas dans ces deux histoires : Comment l’ai-je su/ Les vipères[6], Non ne dis rien mon amour/ Reviens juste au matin[7]. Surtout, ne jamais, au grand jamais avouer même si l’autre montre des signes de compréhension car c’est un piège tendu ! Dans La garçonnière, la relation est tenue secrète, mais pour combien de temps ? Car ils prennent des risques à se revoir. Voyons voir à quoi ressemble cette liaison ; est-elle dangereuse ? Leur rencontre se base sur le physique. C’est du sexe à l’état pur. Le sentiment reste comme il se doit , mineur « un peu, c’est tout ». Le plaisir féminin n’est pas vraiment flagrant. Il relève sans doute d’une envie de rompre une monotonie, de se lancer dans un quotidien plus risqué, de transgresser la sécurité, de jouer un rôle à tendance masochiste, j’en oublie sans doute. Du côté de l’amant, je dirais qu’il prend son rôle de dominant très au sérieux. Il dicte les gestes, les paroles, il fixe les retrouvailles et leurs modalités. Elle est son objet sexuel. Il semble se moquer du désir de sa maîtresse et donne l’impression de convoiter sa docilité et son abnégation. Mais son excitation ne serait-elle pas surtout dans le défi de séduire une femme mariée et de l’arracher à son époux, tout ceci enrobé dans une vengeance amère et froide d’une ancienne infidélité indigeste… ? Peut-être. Mais la mignonne devrait faire attention ! Si son but est de se divertir d’une platitude existentielle, il vaudrait mieux qu’elle évite de se précipiter dans une routine infidèle dont le danger se terre dans les 5 à 7 répétés. Si en plus la « mignonne » doit pimenter sa vie extra conjugale, quel casse tête ! Je donne des conseils telle une vieille tenancière de maisons closes ! J’aime bien et je persiste : lorsque la boisson aphrodisiaque a le goût du poison, il faut décamper. Le temps frelate l’excitation de la passion-physique : mon amoureuse hélas le temps passe…/ Mais charmante hôtesse/ Qu’as-tu fait de ta jeunesse…/Petite connasse/ Pourquoi fais-tu ta radasse…[8] ou bien  Qu’as-tu fait de ta beauté/ De ta silhouette élancée/ Les années se ressemblent/ On est de moins en moins ensemble[9]. Les prémices belliqueuses sont largement amorcées ; les attaques sont tirées de toutes parts. La rupture apportera la paix.

Il existe un autre type d’infidélité : celle imaginée par l’homme qui a transformé sa compagne en un trop grand objet de désir pour les autres. Je reviens sur le profil des jaloux déjà amorcé. Dans Même si tu pars, l’homme risque de contaminer l’esprit de sa partenaire. Si elle n’avait pas l’idée de le tromper, maintenant elle aurait du mal à ne pas y songer. Toutefois, je n’ai pas envisagé la possibilité que la jalousie puisse être légitime ; il a peut-être raison de douter. Quoi qu’il en soit cette chanson est sublime. Si la jalousie est répulsion, elle est aussi fascination. L’homme de Jaloux de tout gangrène la relation plus insidieusement car il garde tout pour lui. Sans doute n’est-il  pas facile pour un homme de se confier. Les confessions sont des instants de tendresse, cette même tendresse qui lui fait prononcer des petits mots doux « tu étais ma fille rêvée…. », cette même tendresse qui rime encore avec faiblesse dans l’esprit masculin. « Tu auras compris bébé que je m’en veux », mais ces mots sont venus « après ». Peut-être aurait-elle dû faire preuve  de brutalité pour le déstabiliser et opérer un électrochoc ? Un autre exterminateur de l’amour  hiberne dans Tout ça me tourmente. Lorsque j’ai parcouru le guide de Gilles D’Ambra, j’ai croisé le profil de ce couple  et je sais ce que ce psychosociologue aurait conseillé à Madame : "habillez-vous plus élégante ou plus sexy pour aller travailler. Sophistiquez votre maquillage avant de partir au bureau ou pour faire vos courses chez Casino. Tôt au tard, il se demande pourquoi vous êtes toute pimpante, et qui vous voulez impressionner. Idem pour le retour à la maison. Refaites toujours une beauté avant de rentrer. Même  s’il est particulièrement aveugle, il finit un soir ou l’autre par réaliser que, normalement, vous ne devriez pas être aussi fraîche après une longue journée..."[10]

Maintenant, je vais m’adresser exclusivement aux filles : allez vite craquer pour quelques emplettes émoustillantes qui dilateront les pupilles de vos amoureux ce soir ! Quand à vous, messieurs, vous me remercierez plus tard.

 

A bientôt pour notre dernière rencontre...

 

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[1] B.B., Si tu suis mon regard, la superbe.

[2] B.B., La superbe, la superbe.

[3] B.B., Même si tu pars, a l’origine.

[4] Nerve Growth Factor, facteur de croissance neural.

[5] Gilles D’Ambra, Pourquoi les hommes sont lâches et les femmes imprévisibles ? J’AI LU Bien-être, p.220

[6] B.B., Douloureux dedans, trash yeye.

[7] B.B., 15 septembre, la superbe.

[8] B.B., Dans la Merco Benz, trash yeye.

[9] B.B. Rendez-vous qui sait, trash yéyé.

[10] Gilles D’Ambra, Pourquoi les hommes sont lâches et les femmes imprévisibles ? J’AI LU Bien-être, p.240.

 

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