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Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe de Benjamin Biolay
18 septembre 2014

Profite ...et demeure présent

 

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Dans beaucoup de textes, on a rencontré des personnages qui se sont laissés aller « au vent mauvais », poussés par une résignation et une certaine passivité que l’on pourrait très bien résumer par cette expression: "qu’est-ce que ça peut faire puisqu’au bout de la route il n’y a qu’un désert". Ainsi chaque destinée serait arrêtée et chacun deviendrait le pantin d’une pièce de théâtre déjà écrite. Dans Profite, le sujet a bel et bien conscience que la mort, la fin de toute chose existe mais au lieu de considérer chaque instant comme inutile, il y a ici une invitation à le savourer plus intensément, à le vivre et non à espérer le vivre ; le but est de ne pas mourir « trop plein de désirs » et « éveillés ». Il faut « tout boire, tout finir, tout essayer » qui sonne telle une doctrine philosophique dont la finalité suprême de l’existence serait non le plaisir mais la recherche d’une tranquillité de l’esprit afin de ne pas regretter les choses qu’on aurait pu faire. Le sujet propose ensuite une liberté dans la signification que l’on peut donner aux évènements : « oublie moi avant qu’il ne soit trop tard OU ne m’oublie pas au fond du verre du fond d’un bar », « viens dans mes bras de lève-tard ». Dans  Mes peines de cœur, Jaloux de tout : « tu ne m’oublieras pas mais rien de moi ne restera », « tu oublieras mes baisers mais pas l’enfer » et dans La Superbe : « on reste dieu merci à la merci d’une étincelle/quelque part à Paris, au fin fond du bar d’un hôtel/dés la prochaine vie jurer de se rester fidèles… » : une sorte de fatum conduit l’homme à accepter le destin tel qu’il se donne. Dans Profite, l’homme n’est plus prisonnier, il donne un sens nouveau aux évènements ; on peut modifier son histoire : on a le choix ! Cependant, on ne perd pas en mémoire que la fin restera la même : « mourir », « saborder le navire » ; ce qui change, c’est la façon d’aborder cette malédiction : « on vit chaque seconde ». Profiter de ce bref passage sur terre était le fondement du Carpe Diem à la Renaissance et les poètes voyaient là l’occasion d’inviter leurs maîtresses à s’offrir à eux : « mon amour fais-moi la courte » pourrait très bien rappeler : « Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain:/Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. » Profite est une invitation à célébrer la vie ; on ressent de la précipitation, de l’urgence, un désir de profiter sans perdre de temps ; dans beaucoup de textes, le sujet aime trop fort, là il veut aimer très vite, trop ? « Mon amour fait moi la courte » est peut-être une façon de refuser cet effet de l’optique amoureuse  de la période passionnelle, de briser le miroir faussé des débuts. « On en a plus rien à foutre » est le cri d’un cœur brûlé qui sait que l’on peut se tromper en amour et que l’on peut retenter sa chance; il ne faut plus avoir peur; la confiance en soi est là. La prochaine fois, j’aborderai Ne regrette rien ; ce texte insiste sur la notion de la fuite du temps qui passe et non plus sur l’invitation à la jouissance immédiate ; c’était la façon d’aborder le Carpe Diem au XVIIème siècle : « Quand le moment viendra d’aller trouver les morts, / J’aurai vécu sans soins, et mourrai sans remords » : Le Songe d’un habitant du Mogol (Jean de la Fontaine).

A bientôt…

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Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe de Benjamin Biolay
  • Blog: A la découverte de l'univers poétique de Benjamin BIOLAY. Explications au gré des imaginations, envolées lyriques sur les grands thèmes, humble hommage à la richesse de ses écrits et autres pérégrinations fantaisistes...
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