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Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe de Benjamin Biolay
16 septembre 2014

Noir c'est noir, comme un goût...d'espoir?

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Dans Le sommeil attendra, une identité veut encore croire au pouvoir de l’amour capable de transformer la grisaille d’un paysage gorgé d’eau « le fleuve est en crue, l’évier fuit, avalons la pluie » ; une des deux statues de pierre refuse l’immobilité et l’attente qui ont peut-être déjà recouvert la seconde. Mais ses actions engagées, son agitation presque absurde « faisons le tour de la terre car la terre nous ennuie » sont vaines et sans espoir ; à la fin, le sujet n’y croit plus vraiment non plus : « je crains que le sommeil ne sache attendre encore ». Dans Sous le lac gelé, le sujet semble vouloir s’écarter d’un amour défunt.

Ce texte aborde négativement la notion de carpe diem que j’aborderai plus tard avec Profite ; je dis négativement car ici sont évoquées la fragilité des instants heureux et la perpétuité des souvenirs pesants. D’emblée, ce texte nous maintient dans un environnement confiné : sous, emmuré, noir. Le sujet ne peut prendre la fuite non qu’il serait englué comme parfois dans les albums précédents dans des coulée de boue (un mélange visqueux-produit des larmes et d’un autre élément : jalousie, colère…) mais parce qu'il est sur un terrain glissant. Chez Lamartine, le lac est l’élément de la nature qui évoque la fuite des instants heureux, ici, le lac gelé conserve le passé de façon intacte et joue le miroir de la mauvaise mémoire. Les périodes heureuses de cette relation qui n'est pas officiellement achevée sont évoquées à l’imparfait, au passé : « c’était naguère », les moments malheureux sont bien installés dans le présent : « je m’en souviens », « je n’oublie presque rien ». Les évènements négatifs et pénibles l’emportent sur l’amour et ses joies ; le lac devient le garant de l’échec amoureux. Chez Lamartine, le poème s’achève par : tout dise : « ils ont aimé ! », ici, la fin du texte sous-entend : ils se sont déchirés : « nos amours écorchées aussi cultes que courtes ». Le sujet va tirer une leçon de vie : nul ne peut échapper à ses erreurs, à ses manquements ; un jour ou l’autre, il faut payer ses fautes : « mais le passé me jette encore la pierre », « oui le temps sans scrupule crache à la gueule des millions de capsules ». Mais aussi ce que l’on retient de ce texte, c’est la volonté du sujet  de mettre un terme à cet amour perdu et mort. Dans Le sommeil attendra, un individu tentait de sauver un amour au bord du gouffre, ici, même si le sujet se rappelle encore des bons moments et en éprouve du regret, il souhaite clarifier la situation mais pour cela, il faut affronter le problème de communication qui s'est imposé dans la relation: « dis-moi si tu me quittes-il faut que tu m'informes-que tu m'affirmes » ; il s’est préparé à la rupture car ne pas savoir est pire. D’ailleurs sous le désespoir (notons que la tautologie « noir c’est noir » donne encore plus de poids à cette affliction), on pourrait, il me semble, découvrir une issue : « comme un goût bizarre ». "Goût" peut prendre le sens de plaisir et "bizarre" décrirait le caractère inattendu de cette impression positive derrière un si grand abattement ! La séparation lui paraît nécessaire.

A bientôt…

 

 

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Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe de Benjamin Biolay
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