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Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe de Benjamin Biolay
11 février 2014

Le soleil est parti, la neige tombe sur les dalles...

biolay piano

 Confessions de quelques enfants du siècle, suite 2ème partie:

 

 

2-"Le soleil est assis du mauvais côté de la mer...":

 

De Trash Yéyé à La Superbe:

 

Si dans la chanson A l'origine, on a vu que les relations humaines sont complexes et causent moult désordres: violence, jalousie,..., on retrouve aussi ce climat conflictuel dans l'univers sentimental. Quand deux personnes vivent ensemble, très tôt une guerre s'installe: désir de dominer, jalousie, tromperie...la liste est longue! Or l'individu ne peut pas s'épanouir non plus tout seul! Dans le pays Amour, le sujet va et vient entre la fusion ou l'indépendance, schématisé par la chambre d'amant et la chambre d'amis, sans jamais arriver à concilier les deux et à garder la bonne distance comme les porcs-épics ont su le faire! 

"Par une froide journée d’hiver, un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’éloigner les uns des autres. Quand le besoin de se chauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de façon qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux souffrances, jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendit la situation supportable. Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur propre intérieur, pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses qualités repoussantes et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu’ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c’est la politesse et les belles manières. En Angleterre, on crie à celui qui ne se tient pas à distance : Keep your distance ! - Par ce moyen, le besoin de chauffage mutuel n’est, à la vérité, satisfait qu’à moitié, mais en revanche on ne ressent pas la blessure des piquants. - Celui-là cependant qui possède beaucoup de calorique propre préfère rester en dehors de la société pour n’éprouver ni ne causer de peine." 

Arthur SCHOPENHAUER, Parerga et Paralipomena (1851)

 

Avec l’amour, le sujet perd son identité. Il n’arrive plus à se définir car la relation va faire intervenir en lui des qualités contradictoires ; il ne peut être lui-même en amour car il se soumet toujours à quelque chose : l’idolâtrie, la jalousie, la peur du temps, l’infidélité…Il semble ne pas arriver à se définir comme une seule et unique personne responsable de ses actes ; il se rendra compte après coup qu’il a agi sous l’influence d’une pulsion qu’il n’a pas pu contrôler. Il n’est pas toujours facile d’agir sur sa nature lorsque l’on est assailli par la peur, le chagrin, la colère ; il n’est pas évident de faire un travail sur soi pour aller mieux. Souvent, on sent le sujet comme avalé par la relation ; il est happé, dévoré…Il n’a pas réussi à canaliser cette force magique qui s’est offert à lui. Vengeance révélera la nécessité de « travailler » la relation ; chaque partenaire a un rôle pour entretenir et s’approprier la liaison dans laquelle chacun pourra se reconnaître et évoluer équitablement.

Dans Bien avant, Rendez-vous qui sait, Douloureux dedansDans ta bouche, comme c'est le cas dans Jaloux de tout, il tente de trouver les circonstances de l’échec : fatalité, temps qui passe, amant, trop d’amour… on en retient donc que le sujet ne pouvait pas agir car la menace venant de l’extérieur, l’échec devenait donc inévitable…et c’est ainsi que le sujet s’enferme dans une sorte de déterminisme intérieure. Il ne dicte pas sa vie ; il endosse juste un rôle. Emprisonné dans son histoire, il est prisonnier dans ses propres actions; quel dilemme! (mais cette fatalité subie est développée dans la première partie de mon blog). 

 Dans l'album, La Superbe, le Soleil est à portée de ciel mais le sujet n'est pas encore prêt à l'accueillir: "le soleil est assis du mauvais côté de la mer", "bien souvent je me suis réveillé avant le lever du soleil", "tu verras le soleil qui recule d'un pas, qui devient vert bouteille", "moi la nuit je repense au soleil", "combien de temps avant le soleil à plein temps". Bref, le sujet ne croque pas la vie à pleines dents ( si l'on écarte Lyon presqu'île: "je croque un morceau de soleil"...)

 

La Superbe:

Les sujets vivent des histoires d'amour avec curieusement comme partenaires, soit la jalousie, soit l'indifférence; du coup, intérieurement, ils connaissent de véritables tsunamis émotionnels! Dans Jaloux de tout, il recherche dans l'amour, la sécurité et la reconnaissance or il fait tout pour provoquer le doute, la trahison, l'abandon. Cet homme a développé une profonde angoisse quasi viscérale à l'idée que sa partenaire puisse préférer un autre; il entretient en permanence son manque de confiance et sa fragilité ne cesse de s'accroître. Le moindre comportement venant de l'extérieur, le moindre sourcillement de la belle sont perçus comme des menaces; il reçoit la vie telle une succession d'attaques qui semblent engager son pronostic vital. Il a fait de sa partenaire l'unique raison d'exister.Il manque cruellement d'amour de soi et vit sous  la peur permanente d'être laissé-pour-compte;  et cette appréhension va conduire le sujet à l'intimidation dans Tu es mon amour : "Si d'aventure, tu te joues de moi, change les serrures et prends garde à toi". L'amour s'est converti en une véritable dictature; derrière les déclarations amoureuses se terrent des hostilités affectives et des pressions sentimentales. La peur éprouvée peut être la hantise d'être dépossédé de liberté, de voir son autonomie amputée; je veux parler de Tout ça me tourmente; là, le sujet craint par dessus tout de se fondre et de se confondre dans sa partenaire. Il connaît le danger qui empoisonne sa relation "tout ça me tourmente" mais son côté primitif "dès vingt heures trente, je n'ai pas de coeur, je n'ai que ma queue" va le tenir  à l'écart de tout sentiment: jalousie, compassion, peine, attention et tout le toutim. Bref, il a en lui une sorte d'instinct de survie pour ne pas souffrir, affronter les problèmes. Ses peurs se transforment en rejet de l'amour; la femme n'est pas la démonstration de sa vie à l'inverse de Jaloux de tout. Mais finalement, les deux se rejoignent dans leur refus catégorique de communiquer avec leur partenaire "j'aurai dû m'épancher, passer à table". Les échanges sont rompus d'emblée: "je répondais tout le temps, tu dis n'importe quoi comme souvent", "je répondais jamais vraiment"; dans Tout ça me tourmente, le sujet ne dit rien, ne voit rien, n'entend rien:"j'ai même pas vu" ou une autre variante: "je n'ai pas vu" ou la combinaison des deux: "je n'ai même pas vu". (Remarquez, il existe bien une maxime, celle des singes de la sagesse " Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire" et il n'arriverait que du bien à celui qui suivrait cette maxime! ) Faut-il conclure qu'il n'existerait que des dominants ou  des dominés? Pas vraiment car dans Brandt Rhapsodie, les amoureux glissent ensemble dans un univers où tout est sublimé; chacun est comblé; tout est transformé sous le regard de la passion mais ça ne dure pas car il est difficile de maintenir l'équilibre et les sujets n'y arrivent pas encore! Ainsi les mots doux se trouvent déchirer sous les lettres de rupture (abordé dans le chapitre le dernier échange). La prochaine fois, j'aborderai le soleil vert et la conquête de nouveaux bonheurs. Et oui certains textes de La Superbe vont servir de maïeutique pour acheminer l’individu vers une paix psychologique et annoncer ProfiteA bientôt...

 

  

 

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Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe de Benjamin Biolay
  • Blog: A la découverte de l'univers poétique de Benjamin BIOLAY. Explications au gré des imaginations, envolées lyriques sur les grands thèmes, humble hommage à la richesse de ses écrits et autres pérégrinations fantaisistes...
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