V comme Voltiger

Tout commencerait par un amour ultime, unique nous dotant d’une paire d’ailes ; « chic » me dirait vous mais attention au choc de l’atterrissage !

Tout commencerait donc par une rencontre, un regard foudroyant ; vous savez ce fameux regard libérant une décharge électrique qui saisit, isole et emprisonne agréablement dans une volute d’ivresse. Et oui, il arrive qu’on aime au point de devenir autre : un passionné mais attention parfois un névrotique.

Dans Brandt Rhapsodie, l’amour est d’emblée hypertrophié ; il est obsession « je ne pense qu’à toi », « je te désire tout le temps, partout ». Qui n’a jamais rêvé d’une passion, d’un antidote qui nous guérirait du quotidien trop terre à terre et qui nous transporterait dans les hauteurs vertigineuses du virtuel ?! Alors, on se voit déjà, chevauchant cette liberté sauvage qui torpillerait toutes les règles « tu es mon grand projet et je te suivrai n’importe où ». Dans Brandt Rhapsodie, l’émotion est passagère et se transforme peu à peu en amour avant de décliner et de s’éteindre définitivement. Mais il arrive aussi que l’émotion initiale se gonfle d’une énergie spéciale pour muter en passion dévorante : sournoise ségrégation! Oui, il est bien normal de, momentanément, perdre la tête pour une personne, de jeûner, de souffrir du manque de l’autre, de scruter son téléphone, d’épier à la fenêtre, de penser que cet amour durera toute la vie, intact…mais il est anormal de se fondre in-extenso dans l’autre que l’on a idéalisé outrageusement ou inversement, de sans cesse feindre d’aimer pour le pur plaisir de séduire.

Dans les albums  A l’origine, Trash Yéyé, La Superbe, on distingue chez l’homme deux amours bien affirmées que l’on qualifiera globalement, d’ « amour féminin et d’amour masculin » ; ainsi l’individu doté d’amour féminin rechercherait la perfection, l’idéal, la fidélité éternelle ; bref, attendant trop de l’autre, il passera brutalement de l’absolu au désenchantement : « Jaloux de tout », « Dans ta bouche ». L’amour masculin, qui sera aussi l’apanage de Marlène, se situe dans la conquête, la possession de l’autre et peut s’ouvrir sur la rupture ou l’infidélité. Bref, le cœur est soit vulnérable, soit volage. Quelques coups de scalpel et je m’en vais le disséquer...