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Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe de Benjamin Biolay
24 août 2011

Douloureux dedans... et autres ecchymoses...

 

 L’amour est une passion innocente, comment s’est-il changé pour moi en une source de misères et de désordres [1] auraient pu clamer les amoureux de  Mon amour m’a baisé,  Chambre 7,  Douloureux dedans.

 

        L'amoureux blessé:

 

La femme, pour le romantique, était, avant la séparation, un être exclusif : mon âme sœur [2]. Une dépendance avait dû s’installer entre elle et lui car il avait l’impression d’avoir trouvé sa moitié ou son « anima » qui est la  représentation fantasmée du féminin dans l’homme[3].Il ne retient pas une notion de partage dans l’amour qui semblait être à sens unique- un plaisir d’offrir,  le masque est tombé/Mon amour m’a baisé[4]. La séparation entraîne une douleur psychologique  profonde : mon cœur est brisé, mon cœur est percé, mon âme pleure ; son intériorité est mise à mal. Il essaiera de quantifier son mal-être en le rapprochant d’une douleur physique : Mais j’ai mal au ventre. Le mal physique est une répercussion sur le corps, de la violence du chagrin sentimental. De plus,  cela lui donne un côté enfantin. Il est comme un petit garçon  qui a mangé trop de chocolat et qui n’a pas écouté les avertissements de sa maman : Et j’entends vos voix/ J’étais pas de la trempe. Là, l’amoureux apparaît fragile et pas sûr de lui. Une dépression s’installe : Mon passé me tourmente/De futur j’en veux pas. Le manque d’estime fait aussi une entrée fracassante  dans  Jaloux de tout : Tu étais sans doute beaucoup trop belle pour moi ; B.Biolay reprend le thème du ver de terre amoureux d’une étoile. Rousseau avait employé ce terme dans un passage des Confessions où il raconte qu’il se sentait transporté de bonheur dès qu’il apercevait la fille de son maître. Victor Hugo lui empruntera cette métaphore dans Ruy Blas pour évoquer un laquais amoureux d’une reine : Elle déplie la lettre résolument et lit :
"Madame, sous vos pieds, dans l'ombre, un homme est là
" Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ;
" Qui souffre, ver de terre amoureux d'une étoile ;
" Qui pour vous donnera son âme, s'il le faut ;
" Et qui se meurt en bas quand vous brillez en haut. "(Acte II, sc.2).

 Une frénésie quasi schizophrénique envahit le sujet de  Jaloux de tout  lorsqu’il aborde l’amour et l’aimée qu’il décrit comme : ma femme rêvée, ma fille de Perse, ma vie rêvée, ma première dame. Cette démesure dans les propos cache, outre le romantisme, un comportement excessif : la jalousie. Mais cet autre portrait sera abordé très prochainement. Les écrits de B.Biolay sont mystérieusement envoûtants et d'une richesse infinie. Ils ont le pouvoir de nous transporter et de nous abandonner dans l'infinitude de notre imagination sensible et secrète. Peu d'auteurs modernes ont conservé ce pouvoir enchantant des poètes d'antan. A bientôt...


 

[1] L’Abbé Prévost, Manon Lescaut, Paris, Flammarion, p.103.

[2] B.B., Mon amour m’a baisé, Reviens mon amour.

[3] Guy Corneau, N’y a-t-il pas d’amour heureux, Réponses/ Robert Laffont.p.58

[4]B.B., Mon amour m’a baisé, A l’origine.

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