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Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe de Benjamin Biolay
12 août 2011

Regarder la lumière...

 

Je poursuis aujourd’hui, le thème que j’avais précédemment abordé, à savoir : la position de l’artiste en général dans la société.

Un mythe est une histoire inventée qui dit la vérité à travers des dieux comme Zeus ou des figures comme Don Juan. Regarder la lumière (Trash Yéyé) m’inspire la mythologie grecque et plus précisément Hermès. Hermès renvoie au mythe idéaliste du poète : celui doté de pouvoirs capables d’atteindre des révélations originelles. C’est le  voleur de feu dont parlait Rimbaud. Le feu est la lumière qui peut conduire le poète à trouver le langage  susceptible de suggérer ou d’inventer les non-dits du monde et de nous-mêmes. Ici, le soleil est impie car l’inspiration n’est plus le souffle du divin mais le murmure de l’intime. Hermès est l’allégorie du poète comme démiurge qui veut se doter du don sacré de voyance symbolisée par la lumière et le soleil.

Certains doivent se dire : mais elle délire, où est Hermès dans Regarder la lumière ? Patience, je vais éclairer mon point de vue et juste le mien. Je me délecte à l’idée de vous évoquer ma lecture. Hermès s’impose à moi paré d’un de ses attributs caractéristiques : son pégase ou  chapeau. J’ai baissé la tête/ J’ai ôté mon chapeau/ Sans jouer les vedettes/ Sans la vie de château/ A l’évidence/ Je vais payer pour mon imprudence. Hermès attend son procès. Il s’est fait craindre et a suscité l’admiration par ses nombreux actes de délits. Promptement, je rappellerai qu’Hermès, quelques instants après sa naissance, a bondi de son berceau pour voler cinquante vaches du troupeau de son demi-frère Apollon. Il a aussi fabriqué une lyre à partir d’une carapace de tortue ; il a donné l’instrument à Apollon pour apaiser son courroux lorsque son « papounet » Zeus, assez fier toutefois de l’audace de son chérubin, l’a arrêté. Je reviens à mon explication de texte qui sera,  je l’espère, courte et attractive. Selon moi, la lumière  renvoie à Apollon, dieu de la musique et de la poésie. Apollon est en effet la personnification du soleil et de la lumière.  Un seul pied sur la terre et l’autre au paradis  évoque les origines d’Hermès : la « terre », c’est sa maman Maia et son grand-père Atlas, dieu de la Terre et le « paradis » incarne son papa Zeus. Ce dernier est dieu du ciel. Lors du partage du monde, il a reçu la plus grande partie de la sphère céleste. De là, il pouvait tout observer et punir si nécessaire. La terre et le ciel désignent aussi le fait qu’Hermès est parmi les dieux grecs, le plus proche des hommes. Il est dieu du commerce, des voyageurs et messager de Zeus. Il est l’intermédiaire entre les divins et les mortels et s’il paye pour des « années d’errance », c’est qu’il a toujours  été sur la route à conduire les voyageurs tout en leur faisant commettre des actes illicites. En dieu du commerce, il incitait les acheteurs et les vendeurs à duper. Il est l’inventeur du vol et de la fraude ; toutefois, il a su s’attirer méfiance et respect de ses congénères, certes en rusant.  Regarder la lumière/ Qui surgit d’un mystère comme le ver/ Du fruit/ Comme un cri dans la nuit : alors là, il s’agit de mon moment préféré de l’histoire. Cette lumière-ci est Héphaïstos. Une petite précision s’impose ? Je remarque quelques sourcils en poils d’interrogation. La mythologie est pour moi  sans secret! Facile, j’ai un dictionnaire sous les yeux ! Un jour, Gaïa, la terre mère, a offert à Héra, reine du ciel et de l’Olympe, les pommes d’or du jardin des Hespérides comme cadeau de noces avec Zeus. Héra est la femme et la sœur de Zeus ; ensemble, ils ont eu Héphaïstos, « celui qui brûle », « qui est allumé ». Il est dit aussi qu’Héra aurait eu Héphaïstos seule afin de montrer à Zeus qu’elle pouvait enfanter sans sa contribution, quel  mystère… Toutefois, ils ont eu ensemble un fils légitime nommé Arès. La nuit, Arès aimait conter fleurette à Aphrodite, épouse de son frère Héphaïstos. Arès, en amant prévoyant, demandait à Alectryon, un éphèbe, de l’avertir avant le lever du soleil afin de se séparer de sa belle et de ne pas se faire surprendre en flagrant délit d’adultère. Un jour, le garde, peu fiable, a oublié de prévenir Arès. Hélios, dieu mouchard, a alerté l’époux. Arès a transformé Alectryon en coq pour le punir de ne pas avoir poussé son  cri dans la nuit. Je passe à : J’ai creusé la terre/ Sans jouer les héros : Hermès est le dieu qui a construit les routes pour ses voyageurs et lors de ses travaux, il ne s’est pas pris pour une divinité comme Poséidon, par exemple, dieu des tremblements de terre.  J’entendais le tonnerre : le tonnerre renvoie à Zeus qui est symbolisé par la foudre car il est le maître des temps (orage….) ;  Et puis après l’écho : Echo est la nymphe qui distrayait Héra lorsque Zeus folâtrait avec d’autres beautés. Héra s’en est aperçue et a puni Echo en lui ôtant la parole et en l’obligeant à répéter ce que disaient ses interlocuteurs. En chevauchant la mer/Sur un lévrier gris/Nommé Blondie : Poséidon lors du partage du monde a reçu la souveraineté sur les mers ; il se déplaçait sur un char attelé à deux chevaux. Enfin, Regarder la lumière…/A la place du père/ Avec au fond des yeux/ Le ciel cent fois promis/ Le monde à ma merci/ Regarder la lumière…: Hermès voudrait prendre la place de son père, dieu du ciel d’où il pourrait tout voir. Il voudrait aussi devenir le  père des dieux et des hommes. Pour moi, Regarder la lumière  est une allégorie de la poésie et évoquer Hermès qui est à la fois dieu et homme révèlerait une volonté de désacraliser cette position d’artiste divin et unique.

Mais je verrais surtout l’envie de l’homme à devenir lui-même soleil. Et pour approfondir cette idée, j’emprunterai quelques lignes à Guy Corneau que j’admire infiniment : Nous désirons luire dans le regard des autres. Nous voulons devenir des vedettes, des étoiles, et briller de tous nos feux. Vivre dans la pénombre ou dans l’obscurité est devenu pour nous un signe de maladie mentale  mais attention  pour éviter le sort d’Icare, il serait peut-être bon de suivre le conseil qu’il reçut justement de son père : « vole à mi-hauteur ! » Oui le héros vole trop haut, et pour lui un sacrifice s’impose. Il s’agit du sacrifice de ses idéaux de perfection absolue, de celui aussi, de « la gloire à n’importe quel prix »[1].

 Notre héros ne jetterait-il pas de la poudre aux yeux avec son lévrier de mer, de 12, 14 ou 16m ? « Blondie » est un fort joli nom pour un voilier. (« Royal Clipper » de 134m-mazette- sonne bien aussi mais il est déjà pris et prisé !)

Et vous, que vous inspire cette chanson ? A bientôt…



[1] Guy Corneau, Père manquant, fils manqué, J’ai lu Bien être, p.67

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