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Quelque part entre Rose Kennedy et La Superbe de Benjamin Biolay
18 juin 2011

Dans ma tour d'ivoire...

Bienvenue sur mon site où je vais vous faire partager mon engouement certain pour les textes de B.Biolay. Ce blog s’adresse aux fans de l’artiste mais pas seulement. En effet, je souhaiterais non convertir ceux qui ne le connaîtraient pas ou ne l’aimeraient pas mais dévoiler une autre façon d’appréhender ses chansons et montrer la qualité de son travail. Non, B.Biolay n’écrit pas toujours sur le même sujet et maugréer que les atmosphères de ses textes sont déprimantes, moroses, mélancoliques est un  argument réducteur ; mais je développerai ces points et bien d’autres encore, ultérieurement.

D’emblée, je vous invite à grimper dans ma tour d’ivoire afin que je puisse vous embarquer dans une aventure  à travers l’univers poétique de B.Biolay. Je me présente : appelez-moi, Louise Anna.  Je veux bien me révéler à travers un petit portrait chinois. Si j’étais un livre, je serais : La Dérive des sentiments d’Yves Simon et Quelqu’un d’autre de Tonino Benacquista (je n’ai pas pu choisir). Si j’étais un film : Portraits Chinois de Martine Dugowson. Si j’étais une pièce de théâtre : Oh les beaux jours de Samuel Beckett. Si j’étais une chanson : Négatif, si j’étais un album : Trash Yéyé, si j’étais un auteur : B.Biolay. Mais je ne suis que moi qui écris sur ce petit génie.

Mon dessein est d’animer humblement les albums de l’artiste en proposant des remarques et des réflexions sur ses grands thèmes subtilement bien traités, de palper une chanson différemment, d’engager un débat fantaisiste avec ceux qui me liront, d’amener à des questionnements ou seulement de titiller des curiosités. Je n’aborderai pas la fonction du chanteur ou du compositeur mais je parlerai de ce poète des « mots dits » et de son écriture mystérieusement ensorceleuse. Je n’ai pas cherché à étudier la « lyre poitrinaire » de B.B., pour reprendre la belle métaphore de Verlaine. Je sais et vous aussi d’ailleurs, j’en suis sûre, que la subjectivité de celui qui écrit-peint-sculpte,  se mêle à tout ce que le créateur décrit mais elle s’apparente non à de la pure autobiographie mais à une échappée dans le monde sensoriel qui habite et hante chacun des observateurs. Moi, je me satisferai  du « mentir-vrai » et que m’importe de connaître les évènements qui sont à l’origine de telle ou telle chanson, non ? Certains réfractaires pensent, et c’est leur droit, que l’auteur est le seul à avoir pouvoir sur son texte ; moi, je suis de l’avis de P. Valéry : « il n’y a pas de vrai sens d’un texte. Pas d’autorité de l’auteur(…) Une fois publié, un texte est comme un appareil dont chacun peut se servir à sa guise et selon ses moyens : il n’est pas sûr que le constructeur en use mieux qu’un autre. » (Au sujet du « Cimetière marin », Variété III). Loin de moi l’idée de vouloir rédiger la Déclaration universelle des droits de la lectrice et du lecteur, néanmoins, je trouve que les mots assemblés, ajustés dans chaque esprit, ne contiennent pas qu’une seule et unique vérité .Et bien heureux celui qui est libre d’emprunter son propre chemin qui le conduira au plaisir des mots. Mon analyse sera  personnelle ; elle rejoindra ou chicanera celle des autres, quelle importance, c’est cela la lecture « plurielle » !

Je me sens obligée d’aborder, certes succinctement, mais aborder tout de même, les impressions laissées par B.B. en général, je veux parler des 3 G : « grande Gueule », Gainsbourg, Galant.

Nous avons d’un côté B.B. « Tête à claque » et de l’autre S. Gainsbourg « tête de chou ». Quand même, quelles figures ces deux-là ! Il n’est pas rare de lire ou d’entendre que B.B. agace au premier regard ; c’est son profil de surdoué-modeste qui veut cette réaction peu valorisante et aussi, pour ne pas dire surtout, son côté « grande gueule » ; ça, je ne peux rien faire pour lui. Il est peut-être atteint d’une forme aigüe du syndrome du timide qui se caractérise par le fait de se sentir obliger de dire quelque chose et  pas toujours celle que l’on se doit d’entendre. Je constate juste que la franchise est bien moins passe-partout en société que la politesse ou le mensonge dit de courtoisie. Quant à son rapprochement d’avec Gainsbourg, je dirai que l’on considère trop souvent B.B. comme le parèdre de Gainsbourg ; or il me semble que ce sont deux génies de l’Olympe, érigés sur le même piédestal. Ce sont tous les deux des « voleurs de feu », des alchimistes du Verbe, des voyants !

Maintenant, Biolay-dandy : je dis « mouais », mais version Baudelaire, Poe, Mallarmé… et non Mick Jagger, David Bowie pour n’en citer que deux. Il a apparemment comme tout dandy qui se respecte une finesse spirituelle et physique (dans son beau « complet croisé » de scène).  Par contre, là où je mettrais  un bémol, c’est sur un point de définition du dandy : la féminité. Certes, il resplendit avec ses cheveux plus ou moins longs, par contre, il dégage une certaine virilité. Rien de grave, juste un quota trop élevé de testostérones pour répondre entièrement au profil de dandy classique. Après cette légère dissection de son physique, j’opérerai plus en profondeur : l’orientation de son écriture insaisissable aux pouvoirs énigmatiques (si je pouvais au passage me transplanter quelques unes de ses alchimies cérébrales…Demi Moore s’est bien offert un corps inouï pour ses 40 ans, pourquoi, je n’aurai pas un nouveau cerveau ! Le temps m’offre encore deux ans pour y parvenir…).

Allez, je vous embarque avec moi dans ce périple, d’où vous ne reviendrez pas l’esprit sans souvenirs, je l’espère ; car un voyage à l’aventure n’est réussi que si l’on peut troquer des denrées rares.

 

Il faut se perdre

Je ne sais pas

Tu apprendras…

Je voudrais une indication pour me perdre

Il faut être sans arrière pensée… (Marguerite Duras, Le vice-consul.)

 

Je trouve que B.B. est un artiste qui est dans une perpétuelle quête artistique ; au fil des années, et des albums, il a évolué. Son jet de plume a changé. Pour schématiser vulgairement, je dirais que particulièrement romantique et impressionniste à ses débuts, il s’est laissé aller vers une inspiration plus symboliste à tendance surréaliste parfois, et cette écriture lui sied à merveille (mais on peut apporter des nuances en faisant un va-et-vient entre les albums et non en effectuant une rupture radicale entre eux).

Aujourd’hui, pour ce premier jour, j’aimerai aborder une chanson que j’affectionne tout particulièrement pour son climat sibyllin et je nommerai « Night Shop » : « Car la nuit je mange une fille aux cheveux orange….visage pâle et nom d’animal… ». J’évoquerai cette figure féminine qui, dès ma première écoute, semblait flotter autour de moi tel un fantôme désireux de me susurrer un grand mystère. Ne vous a-t-elle pas laissé aussi cette première impression étrange? Au départ, Le titre  Night shop m’évoquait les vitrines du « Red light district » à Amsterdam et puis la couleur orange est très prisée comme le blond platine chez ce public féminin. Et puis, brutalement, elle m’est apparue sous l’incarnation de Gala. Celle-ci même qui a inspiré le célèbre vers d’Eluard-un de ses amants : la terre est bleue comme une orange[1]. Ce vers aux sonorités fantastiques a suscité le trouble dans les esprits littéraires. Gala était l’univers d’Eluard. La métaphore de la terre rappelait le visage rond de Gala et ses yeux bleus. Sa chevelure blonde-dorée, était aussi présentée comme une : chevelure d’oranges dans le vide du monde. (Paul Eluard, Le miroir d’un momentCapitale de la douleur.)

Car la nuit je mange/ Une fille aux cheveux orange renvoie au plaisir sensuel. Cette expérience du plaisir sensuel se pratique dans le domaine alimentaire ou sexuel. Pour résumer, tout se passe comme ceci : on voit l’objet, on désire le consommer puis il ya un manque alors on désire et on  consomme de nouveau. Ici, le manque est marqué par la répétition de : Car la nuit je mange, Oui la nuit je mange. Aussi, ces mots résonnent en moi comme la puissance  de mastication de Dali, amant et mari de Gala. Pour ceux qui l’ignoreraient, cette puissance signifie que pour connaître un objet, il faut l’ingérer. Dali avait annoncé son désir de croquer Gala à sa mort. C’est le rite de la communion. On ne possède que ce que l’on mastique, d’après Dali. Un de ses amis a mis deux ans à grignoter une armoire à glace !  Visage pâle et nom d’animal reflète bien  la peau laiteuse de Gala et fait écho au surnom de lionne que Dali lui prêtait car elle lui rappelait le lion du « Metro Goldwyn Mayer ». Enfin un certain mystère plane sur cette chanson avec l’évocation du vent des Cornouailles : il s’agit de la Cornouailles au sud-ouest de l’Angleterre et la Cornouaille- région de Bretagne et toutes les deux sont chargées de légendes : Tristan et Yseult, tous les merlins et toutes les enchanteresses…Ce ne sera pas la seule fois où en scrutant les textes de B.B., j’aurai l’impression d’avoir dénicher mon Saint Graal. B.Biolay est pour moi mon Léonard de Vinci (derrière la plupart des tableaux de ce génie se cache une énigme). Je ne m’impose pas comme un Freud, je n’ai pas cherché volontairement une analyse, mais cette vision de Gala s’est imposée à moi, comme ça. Je me dis que le double effet Biolay fonctionne, c’est tout, et  surtout, qu’il est un grand poète, de cette essence qui « inspire ». A bientôt, pour une tout autre escale…on verra, selon notre humeur, où l’on s’attardera…

 
P.S.: Nous sommes quelques mois après la création de ce blog et je souhaiterais revenir brièvement sur le profil de "dandy" : j'ai constaté depuis peu un changement certain dans le physique et le look de B.Biolay qui remet quelque peu en question mon affirmation tranchante sur sa virilité incontestée. Et oui, il s'est  véritablement affiné et il a adopté (hors concerts) un look très stylé-changement qu'il doit à sa nouvelle campagne de mode (aurait-il mis au placard toutes ses chemises à carreaux?). Bref, résultat, il rayonne davantage; mais  attention , je n'annonce pas qu' il s'est métamorphosé en parfait hermaphrodite, ouf!

[1]Paul Eluard, La terre est bleue comme une orange, « Premièrement », L’amour la poésie.

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